mercredi 3 octobre 2007

Pudeur

Je comprends certaines de tes réticences face à la photographie de quidams et inconnus Mazz. Moi-même c’est une activité que je pratique peu, pas par éthique cependant, mais surtout par manque d’intérêt, j’aime photographier les gens, mais surtout les gens pour qui j’ai un attachement. Ce qui, en bout de ligne, ferait de moi un portraitiste bien limité.

Il est évident qu’en pratiquant le portrait ainsi j’en révèle pas mal plus sur moi que sur les sujets que je photographie et je pense que c’est le fait de se révéler ainsi qui est le plus compromettant et lourd de conséquences. Je sais que tu partages la même vision que moi là-dessus que la photographie, comme tout autre art, est d’abord un mode d’expression…du photographe et que donc partager ses photos est un acte qui relève du discours, de la déclaration. Un acte quelque peu impudique.

Surtout qu’en photographie, une fois celle-ci montrée, on a plus du tout le contrôle sur la perception des autres, sur l’interprétation que les gens en feront, sur le décodage, sur la réception etc… Ça aussi c’est compromettant parce que la plupart des gens veulent, avec raison, se voire beaux sur une photo, à leur meilleur, alors quand ce n’est pas le cas…

Tu vois Mazz je considère encore que tu a pris sans doute une des meilleures photo de moi qui existe quand nous étions au Kilimandjaro. Je n’y suis pas beau et je ne la mettrait pas sur un site de rencontres et ce n’est pas la perfection de la composition, mais j’y suis particulièrement vivant et chaque fois que je la regarde je me dis que, décidément, tu devrais en faire plus souvent…et que j’y ai vraiment l’air patibulaire ;-).



lundi 1 octobre 2007

mes bloci

En effet, tu as un talent énorme pour le portrait inopiné et la pose fortuite.

Quoique certains de tes paysages de l'Aconcagua laissent rêveurs... :-)

Un de mes bloci (le pluriel de blocus?) est une sorte de pudeur qui prend probablement racine dans ma propre indisposition à ce qu'on me prenne en photo. Ne fait pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'on te fit que disait l'autre... mais, en fait, ma principale raison est que j'hésite à photographier des inconnus simplement parce que je ne connais pas les conséquences d'un tel acte. Je m'explique.

Supposons qu'il y a ce sujet inouï, une fillette qui tend les bras pour que sa maman la prenne par exemple. Devrais-je prendre ce cliché? Et si cette maman et sa fillette sont en fuite de cet abruti de mari violent qui la poursuit... et si je publie cette photo sur mon site web... et si... Quelles peuvent être les conséquences de mes photos sur les gens?

Je comprend de plus en plus l'interdiction que nous avons, nous photographes, de photographier les gens dans la rue... Mais en même temps, je m'objecte en conscience contre cette même interdiction! Quel est le prix de l'inspiration, de la beauté, d'une fillette qui tend les bras?

Voilà, je n'ai pas ce courage. Je n'ai pas le courage de photographier la dimension humaine par peur des conséquences néfastes que mon indiscrétion pourrait avoir envers mon sujet. Alors je me contente de paysages sans vie... Est-ce vraiment mieux? Quand je regarde tes photos François, je me pose vraiment la question.

Que photographier

Personellement j'ai, depuis que je fais de la photo, toujours eu plus de facilité à prendre des portraits. J'aime saisir les visages, les expressions, même si je déteste photographier les gens qui «posent». Un bon portrait pour moi se fait à l'insu du sujet ou, du moins, dans l'inconscience de la caméra.

J'ai beaucoup plus l'instinct pour le vivant, l'imprevisible, que pour le paysage.